mardi 8 décembre 2009

Débat sur l'identité nationale: pour la première fois, la machine à enfumer n’a pas fonctionné

Nous l’avions expliqué récemment, le sarkozysme est avant tout une technique de manipulation, qui masque une parfaite continuité sur le fond.
En 2007, le candidat Nicolas Sarkozy avait déployé avec talent et moult renforts médiatiques cette technique d’enfumage. Les électeurs s’étaient laissés prendre au piège, accordant massivement leurs suffrages à un candidat dont ils croyaient qu’il allait incarner le volontarisme politique et une certaine rupture idéologique, sur des questions comme l’immigration, l’euro, la repentance, le pouvoir d’achat ou la sécurité.

Pendant les deux premières années du quinquennat, l’enfumage marcha à plein régime, et à chaque fois les Français, en premier lieu les électeurs du Sarkozy de 2007, tombaient dans le panneau : sur la gestion de la crise, présentée comme exemplaire par les médias et le pouvoir, sur la guerre en Géorgie, soi-disant réglée en une nuit par le chef de l’Etat, sur la présidence de l’UE, réputée exceptionnelle, sur les G20, décryptés par le bruit médiatique comme l’oeuvre du président français, sur la sécurité et l’immigration bien sûr, thèmes sur lesquels le pouvoir parut longtemps crédible et Nicolas Sarkozy combattif.
Les coups médiatiques succédaient aux coups médiatiques, et l’opinion publique ne parvenait pas à sortir la tête de la fumée.



Mais le ressort s’est brutalement cassé. A l’occasion du débat sur l’identité nationale, énième manoeuvre électoraliste avant les élections régionales. Pour la première fois en effet, les Français, très vite et dans des proportions massives, déjouèrent la stratégie de communication élyséenne et perçurent la supercherie.
On aurait pu craindre qu’une nouvelle fois les électeurs croient aux beaux discours de fermeté, aux envolées patriotiques du pouvoir.
Il n’en fut rien heureusement.

Et lorsque le pouvoir se rendit compte que le piège dans lequel il comptait une nouvelle fois enfermer les Français se retournait contre lui, il décida de couper court au débat, et de passer à autre chose.
Ainsi, Nicolas Sarkozy préféra vendredi envoyer François Fillon prononcer un discours sur l’identité nationale. Ce discours ressemblait d’ailleurs fortement à un enterrement du sujet en bonne et due forme.
Le pouvoir sortira probablement très vite de son chapeau un nouveau thème, un nouvel enfumage. Les impôts certainement. Il tentera de manipuler en faisant croire que l’explosion des impôts locaux s’explique simplement par la mauvaise gestion socialiste des régions, alors qu’en réalité c’est toute la décentralisation, portée par l’UMP et le PS depuis 30 ans, qui est en cause.

Le loupé sur l’identité nationale démontre que, pour la première fois, la machine à enfumer n’a pas fonctionné.

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