dimanche 27 février 2011

Francis DASPE : Populations rurales oubliées

Les élections cantonales peuvent être l'occasion de susciter des débats de fond. Le risque existe qu'ils soient instrumentalisés à des fins partisanes. La question des relations entre le monde urbain et les espaces ruraux est d'une telle importance qu'elle doit éviter de tomber dans ces travers ou autres tentatives de récupération.

Inciter les gens à délaisser la voiture et favoriser le développement des transports collectifs constitue une urgence au regard des enjeux écologiques actuels. Pour autant, ces préoccupations d'intérêt général ne doivent pas être appréhendées au seul prisme de considérations strictement urbaines en faisant des populations rurales les grandes oubliées de la réflexion.



Pour celles-ci, l'accès à la métropole régionale équivaut de plus en plus à un parcours du combattant : congestion des artères routières, extension des stationnements payants, insuffisance de parkings gratuits dédiés à l'intermodalité permettant le raccordement aux transports collectifs. À cela s'ajoute la forte incitation à se rabattre de fait sur les parkings souterrains affermés à des intérêts privés.

Nous sommes en droit de nous demander s'il ne s'agit pas en définitive d'un formidable égoïsme de nantis se barricadant pour procéder au contrôle d'un espace urbain dont la vocation première est pourtant celle d'une mise en commun. Car une grande métropole possède des devoirs en termes d'accueil des populations rurales, au regard des services publics de portée régionale et d'intérêt général dont elle a été dotée au cours de l'histoire par des investissements publics. Il n'est pas excessif d'affirmer alors qu'une capitale métropolitaine ne s'appartient pas totalement elle-même, mais au contraire se doit à l'ensemble de son aire d'attraction. Les urbains n'hésitent pas à s'approprier l'espace rural et à le remodeler en fonction de leurs désirs et de leurs intérêts, les premiers pouvant d'ailleurs apparaître comme contradictoires avec les seconds. C'est ainsi que l'on note une volonté de transformer la ruralité en musée de la nature tandis que les modes de déplacement sont de plus en plus déterminés par des grands projets d'infrastructures, justifiés par un rôle supposé structurant, alors qu'ils sont vécus comme déstructurants par les populations locales.

Là aussi affleure la satisfaction d'appétits privés avec la garantie de marchés réservés aux entreprises de bâtiment et travaux publics. Là aussi, le partage des retombées positives est inégal : pour les uns, le renforcement de la dynamique de métropolisation ; pour les autres, la réalité de « l'effet tunnel » n'apportant que bien peu de bénéfices. Les gains de temps souvent mis en avant sont au final minimes et particulièrement ciblés : ils concernent prioritairement les rendez-vous d'affaires et les réunions de leaders d'opinion. Est-ce en cela que réside le capitalisme vert ? Se donner bonne conscience par des discours environnementalistes, à l'occasion radicaux, tout en favorisant de puissants intérêts financiers, le tout agrémenté d'un zeste de mépris dès lors que ces irréductibles Indiens se mobilisent pour refuser ces projets ?

Une logique identique de séparation est à l'œuvre avec la réforme des collectivités territoriales. Elle porte en elle les germes de l'assujettissement d'une Gironde rurale réduite à la portion congrue, à une aire métropolitaine bordelaise à la fois conquérante et boulimique. C'est donc à une réflexion globale que nous sommes conviés pour déterminer de nouveaux rapports entre urbain et rural, fondés sur la compréhension et la complémentarité, tout en respectant l'identité de chacun. Les enjeux sont en effet multiples : économiques en termes de développement, sociaux en termes de solidarité, démocratiques en termes de prise de décision politique, écologiques en termes de préservation de l'écosystème. Ces relations inégales et déséquilibrées demandent assurément des inflexions significatives qui ne peuvent se réduire, comme trop souvent, à un véritable déménagement des territoires ruraux…

Francis DASPE

Secrétaire du Comité Sud-Gironde du Parti de Gauche

Source Sud-Ouest

mardi 22 février 2011

C'est la Loppsi Nation...

Dans cette vidéo, Matthieu Bonduelle Secrétaire Général du Syndicat de la Magistrature analyse les dangers de la loi Loppsi :

- Fichage des citoyens, Vidéo surveillance
- Peine Plancher
- Création de nouvelles infractions
- Modification de l'ordonnance de 1945 pour les mineurs
- Contournement du juge

Mobilisons nous contre la loi Loppsi : http://antiloppsi2.net

Loppsi Analyse / La loi expliquée par le Syndicat de la Magistrature from jeremie nestel on Vimeo.

In transition 1.0 / Villes en transition

Film documentaire : Villes en Transition / "In Transition"
DVD, 49 mn en Anglais, sous-titré en Francais.


« In Transition" est le premier film détaillé sur le mouvement des villes en transition, filmé par ceux qui connaissent le mieux le sujet, ceux et celles qui sont en train de changer les choses. Le mouvement de Transition concerne des communautés du monde entier, réagissant au pic pétrolier et au défi climatique avec créativité, imagination et humour, et se mettant en action pour reconstruire leur économie et communauté locale. »

In Transition 1.0 with French subtitles from Transition Towns on Vimeo.

lundi 21 février 2011

Conférence Gesticulée de Franck Lepage autour de la notion de culture



Conférence Gesticulée de Franck Lepage autour de la notion de culture.

La SCOP le Pavé en quelques lignes
Parce qu'il nous semble essentiel et urgent de réhabiliter l'éducation populaire, à la fois comme enjeu d'éducation au politique et de transformation sociale, et comme méthode d'intervention, nous en faisons l'objectif prioritaire de nos interventions au sein de la coopérative.

Du savoir, des stratégies
Parce qu'il y a un déficit de transmission et d'éducation politique, outillons-nous intellectuellement. Éclairons et dévoilons le nouvel esprit du capitalisme. Prenons conscience de l'importance de se révolter. Partons de témoignages, réapprenons à écouter les cultures politiques des uns et des autres, prenons conscience de l'urgence de réponses collectives.

Parce qu'aucun secteur de l'action publique n'est étanche, qu'on ne peut construire une politique jeunesse sans la relier à celle de l'enfance, de la culture, de l'action sociale ou du logement, nous voulons privilégier la transversalité à l'approche sectorielle, la diversité des statuts des participants à leur homogénéité.

Parce que nous voulons que les "agents" (re)deviennent des "acteurs", parce que ces acteurs ont tous une histoire qui a produit leurs représentations, qui a façonné leurs valeurs, nous proposons un travail sur les "histoires de vie", comme éléments d'éclairage des pratiques et des postures professionnelles

Parce qu'il faut du temps pour établir la confiance, s'entendre sur les mots, analyser les pratiques, repérer les contradictions, construire du sens, LE PAVE privilégie des interventions dans la durée, en tout cas non définies dans ou par l'urgence.

Des alliances
Parce que l'on ne transforme rien tout seul, que les alliances sont nécessaires LE PAVE mène prioritairement ses interventions sur des territoires définis, ou dans des équipes de travail volontaires.Fédérons des résistances, participons à la convergence des luttes. Partageons et colportons ce que chacun sait des manières de résister à la domination du capitalisme
sur nos vies.

Plus d'informations sur : SCOP le Pavé

vendredi 11 février 2011

La Belle Forêt de France de Christian Décamps

Christian Décamps chanteur du groupe français de rock progressif Ange, nous interprète un extrait de son spectacle "Mes Vers Solitaires" : La Belle Forêt de France!! ANGE et Christian Décamps sur scène: http://www.2dtour.com/



... Bonsoir à tous !... Rien ne va plus dans la Belle Forêt de France !...
J'entends dire partout : « nous sommes tous frênes »,
et pourtant, j'ai entendu crier : « ... les érables dehors !!... »

Il y a longtemps que les hêtres ne sont plus frênes,
qu'ils ne vont plus au bouleau avec autant de charme...
Il faut dire que ces hêtres étaient peu pliés aux ordres,
en particulier sur les chênes des six troènes,
bien avant la Conférence de la Haie...

... Alors, on fit venir des érables qui, paraît-il,
sont plus durs de la feuille,
mais qui sont quand-même des bois qui travaillent.
On mis les érables sur les chênes, et petit à petit,
on les vit derrière l'ébène à ordures, histoire d'ivoire plus clair !..

... Et le temps passa.... Les hêtres se retrouvèrent bien vite sans bouleau...
ça on peut palmier !.. Que faire ??

... Il y avait bien des solutions : que les érables rentrent chez eux !...
Mais c'est jamais facile de demander à des arbres que l'on a déracinés,
d'aller se faire enraciner ailleurs, surtout quand ils sont protégés
par l'Office National des Forêts parce qu'ils se sont bien reproduits.

...Malgré tout, plus d'un est reparti chez lui, un noeud dans le coeur,
travailler dans d'autres branches...

Pendant ce temps là, les hêtres pointaient au chômage
pour se faire un peu de blé...
D'autres préféraient les chiffonniers des maïs...
Rien ne va plus dans la Belle Forêt de France !

... Où est passé le temps quand, pendant la dernière guerre,
ils étaient tous frênes devant l'ennemi
tandis que des aigles entiers passaient au dessus de leurs têtes...

Hé oui ! Tout est bien compliqué dans cette Belle Forêt de France...
Les hêtres reprochent aux érables d'être venus manger leurs pins...
mais, laissons les conifères... et qu'elles fassent bien c'qu'elles veulent.
C'est sûrement pour ça que l'épine dort sale !...
Bien qu'au sud, l'épine aide !!

... Aussi, devant ce conflit permanent, beaucoup de hêtres,
d'érables et d'autres se droguent...
et c'est ainsi que l'on trouve les arbres à cames
en tête de tous les sondages...

Ah ! Si seulement la Belle Forêt de France retrouvait tous ses charmes...
Les hêtres, les érables, les ifs, les ifs-érables redeviendraient tous frênes...
On ouvrirait l'acajou aux oiseaux, et personne ne serait plus jamais saule !..

... Mais sera-ce possible tant qu'il y aura des ormes...

jeudi 3 février 2011

Edouard Glissant est mort...sa pensée tremble encore...

La Pensée du Tremblement...

"Elle ne correspond ni à la peur, ni au doute, ni à l'incertitude. Elle résiste aux raidissements des pensées de système et aux emportements des systèmes de pensée. Elle maintient tout système dans son cadre méthodologique et le garde de verser dans des absolus. Elle ouvre l'identité sur le rapport à l’Autre et sur le change qui provient de l'échange, sans que cette identité en soit perturbée ni dénaturée. Elle est la pensée sismique du monde qui tremble en nous et autour de nous. Elle en revient à ce passage, à ce suspens du jugement, et peut-être de l'Être, que Montaigne a si génialement prétendus, comme à la fréquentation, non à la possession, de la terre, proposée par les pensées amérindiennes, comme à la fonction tellurique de la lignée des ancêtres, jamais close ni excluante, chantée par les peuples de l'Afrique subsaharienne. Les catastrophes frappent le monde, mais l’espoir vient aussi de partout. Il nous faut l'entendre".
Édouard Glissant



Conférence Edouard Glissant (Réalisation: Mathieu GLISSANT)
envoyé par Kreolfeeling. - L'info internationale vidéo.

Plus d'infos : Institut du Tout Monde

mercredi 2 février 2011

Les États-Unis ne font plus rêver par Laurent Pinsolle

Laurent Pinsolle se penche sur le rêve américain, devenu, selon lui, un cauchemar au fil des ans. Une société américaine qui demeure plus figée et plus violente qu'en Europe à ses yeux.



La peine de mort, un taux d’homicides comparable aux pays africains, près de dix fois plus de personne en prison qu’en Europe, une tentative d’assassinat sur une députée, un ascenseur social bloqué, un revenu médian en baisse de 7% : les États-Unis sont de moins en moins un rêve…

Le rêve étasunien

Les États-Unis ont longtemps représenté une forme d’idéal pour certains. Et il est vrai que ce pays a libéré l’Europe du joug nazi lors de la Seconde Guerre mondiale, puis l’a très intelligemment et fraternellement aidé à se reconstruire avec le Plan Marshall, avant de protéger une partie du Continent de la menace soviétique. Enfin, leur position à la pointe du développement technologique et économique renforcer encore une forme de rêve pour une grande partie du monde.

Bien sûr, ce rêve a toujours eu des limites. Au colonialisme de la vieille Europe a succédé un impérialisme pas plus recommandable dont on voit encore les traces en Irak et en Afghanistan. Au début des années 60, quand le président du Sénat en France était un noir, ces derniers subissaient encore une discrimination institutionnelle dans le pays de la Liberté, qui ne sera abolie que dans les années 60. Et les états-Unis étaient déjà en retard de plusieurs conquêtes sociales…

Mais malgré tout, les États-Unis étaient le pays qui faisait rêver. C’était le pays qui envoyait le premier un homme sur la Lune, dans une démonstration de savoir-faire technique et de volontarisme assez remarquable. C’était le pays où tout semblait possible, où le petit immigré pouvait espérer se construire un destin hors du commun, un pays où la vivacité entrepreneuriale se mesure encore à des noms comme Apple, Microsoft, Google ou Facebook.

Un rêve devenu un cauchemar

Même si les États-Unis ont sans doute conservé un certain dynamisme entrepreneurial, sur beaucoup d’aspects, le rêve n’est plus qu’un rêve justement. Contrairement à ce que suggère l’accession de Barack Obama à la présidence de la République (et qui a contribué à son élection), la société étasunienne est beaucoup plus figée que les sociétés de l’Europe continentale. L’ascenseur social fonctionne mieux en France ou en Allemagne, comme le souligne The Economist.

L’explosion du coût des études supérieures provoque une forte reproduction sociale, comme le montre Paul Krugman dans son livre « L’Amérique que nous voulons », à moins d’être surdoué. Pire, une majorité de la population s’appauvrit puisque le revenu médian a diminué de 7% sur les dix dernières années, cette baisse étant compensée par le recours à l’emprunt, qui a mené à la grande crise de 2008. Et que dire d’un système de santé cher et à la couverture non universelle.

En outre, même si les rues de New York sont plus sûres, la société étasunienne est une société extrêmement violente. Avec la libre-circulation des armes à feu, le taux d’homicide y est comparable aux pays Africains et 3 à 8 fois supérieur aux pays européens. Même sur la route, la proportion de victimes rapproche davantage les États-Unis des pays en voie de développement des pays d’Europe occidentale. Bref, les États-Unis sont une société violente.

Les États-Unis ne font plus rêver...

Les États-Unis ont longtemps été et pour beaucoup un rêve abusivement appelé américain. Mais quand on regarde la réalité en face aujourd’hui, cette société semble s’être transformée en cauchemar que les autres sociétés occidentales devraient bien veiller à éviter.

Marianne2