L'archéologue vient au secours des thermes
La découverte des thermes romains sur un chantier du quartier Sainte-Marie fait causer au sein de la communauté des archéologues d'Aquitaine. Les discussions portent sur le contexte désastreux de la mise au jour et sur l'avenir du site.
Doit-on se satisfaire d'une conservation de vestiges enfouis ? Ou plutôt envisager une mise en valeur en direction du public ?
On sait que les avis sont partagés. D'aucuns considèrent que le trésor oloronais ne présente pas un état de conservation suffisant pour en faire un site ouvert. Le ministère de la Culture via la Drac (1) a d'ailleurs choisi l'option de recouvrir les vestiges. D'autres, au contraire, estiment que le site est massacré si personne ne se bouge pour lui redonner vie. Plus que jamais le débat est ouvert. Même en ville, sur le zinc, à l'heure du café.
Un « gâchis »
Luc Wosny, le scientifique qui a fait un travail remarquable à Guynemer, prend le risque de se mouiller en faveur des bains publics érigés au temps de l'empereur Auguste. Et il n'y va pas avec le dos de la cuillère pour dénoncer « le gâchis ».
« On dispose des restes d'un bâtiment en élévation. C'est rare. Peut-on d'ailleurs encore parler d'archéologie ? Jusqu'à présent, à Guynemer ou aux abords de la cathédrale, toutes les découvertes étaient cachées dans le sous-sol. Avec les thermes romains, Oloron est face à un nouveau monument historique, à du patrimoine sur pied », prévient-il.
exemple de thermes romains
Il va encore plus loin au moment d'évoquer la réalité de l'état de la connaissance scientifique sur un site où les engins de chantier ont travaillé pendant une quinzaine de jours sans contrôle. « C'est comme si quelqu'un avait trouvé la crypte de Saint-Grat et l'attaquait à coups de pelle mécanique. D'après mes informations, je pense qu'il reste encore des choses à accomplir au niveau des thermes. Pour l'heure, ce ne sont que des miettes de données qui ont été récoltées. »
Mesures d'exception
Pour lui, « face à une découverte d'exception, il faut prendre des mesures d'exception ». Dans l'intérêt général. « Il faut réfléchir à une mise en valeur publique. Celle-ci passe par une reprise du bâti à l'aménageur et par la construction d'un musée à l'image de la Domus des Bouquets à Périgueux. Même en restant plus modeste. »
Les restes de la villa périgourdine ne payaient pas de mine au début des années 1990. Jusqu'à la création d'un musée gallo-romain mis en scène par le célèbre architecte Jean Nouvel. C'est désormais un lieu culturel et touristique majeur.
C'est la raison pour laquelle Luc Wosny lance un appel aux élus locaux : « Ils ont une véritable capacité d'influence et de décision. Oloron bénéficie du label d'art et d'histoire. Un site est déjà classé par l'Unesco. Il y a certainement des financements disponibles pour élaborer un projet. »
Luc Wosny identifie un levier de développement. « Vous avez une superbe cathédrale et des quartiers magnifiques : le haut de Sainte-Croix, les remparts romains, la tour... Vous avez une économie basée un minimum sur la culture et le tourisme culturel. Cette découverte est un atout supplémentaire. »
Patrice Sanchez pour Sud-Ouest
(1) Direction régionale des affaires culturelles.
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