dimanche 21 juin 2009

Sarkozy, G8, Bilderberg, "sortie de crise" rapide et casse sociale


L'article ci dessous est tiré du site Science21 (Blog internationale du collectif "indépendance des chercheurs")

Le 22 juin à Versailles, Nicolas Sarkozy parlera au Congrès de la société d'après la crise, à en croire les informations récentes. La perspective d'une « sortie de crise » rapide, évitant les « plans de relance » jugés trop coûteux, a été évoquée par le G8 à Lecce il y a une semaine et à la conférence de Bilderberg à Athènes en mai dernier. Il s'agit de la « solution » avec un maximum de casse sociale mais qui convient aux milieux d'affaires. Un participant à la conférence de Bilderberg, le président de la Banque Centrale Européenne Jean-Claude Trichet, vient de pronostiquer le retour de la « croissance » pour 2010 et de réclamer des politiques de rétablissement de « l'équilibre des comptes publics ». Tout semble donc indiquer que la politique choisie sera bien la plus antisociale, et qu'elle s'accompagnera d'une stratégie de suppression accélérée des services publics. Les événements récents marqués par des passages en force contre la recherche publique et les universités (notamment, sur l'avenir du Centre National de la Recherche Scientifique, CNRS , ou le statut des enseignants-cercheurs), la formation des eneignants, l'éducation nationale ou la Santé publique, ne relèvent pas de « maladresses ». La présence au sein du gouvernement de ministres de « gauche » ne semble avoir rien changé à ce choix stratégique.

Que penser, dans ces conditions et vu les enjeux, du vote du Conseil Scientifique du CNRS de mardi dernier, où un président élu syndical a soutenu un projet de contrat d'objectifs qui entérine la disparition programmée du Centre ? Nicolas Sarkozy et Valérie Pécresse ne pouvaient s'attendre à une meilleure aubaine (six voix pour, cinq contre).

En mai dernier, le journaliste Jim Tucker avait estimé que les principales tendances exprimées lors de la conférence de Bilderberg de 2009 n'allaient pas dans le sens de plans de relance prolongés, mais dans celui d'une crise rapide et profonde avec un coüt social très élevé, de façon à rendre possible une « reprise rapide » des « affaires ».

Ce qui revient : 1) à considérer la crise comme un accident de parcours ; 2) à en faire payer la facture par les « petits citoyens » dans le monde entier ; 3) à accélérer encore l'application de la même politique qui a conduit à l'actuelle crise économique.

Pour contrôler l'exécution de cette politique et « avancer » vers la mise en place d'un gouvernement mondial sous la coupe des oligarchies financières, des gouvernances planétaires devraient sans tarder être introduites dans les domaines financier et de la Santé. Le Fonds Monétaire International (FMI) et l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) deviendraient alors des grands ministères supranationaux.

Les articles de MINA et de la Pravda :
Bilderberg Group orders destruction of US Dollar? (MINA, 21 mai)
Bilderberg: the meeting of the mediocre minds (Pravda, 22 mai)avaient également évoqué les dangers de cette stratégie, notamment en ce qui concerne un éventuel effondrement du dollar US.

Rappelons aussi la relation des participants à la dernière réunion du groupe de Bilderberg, accessible à l'adresse : Ici

Les participants « officiels » français sont d'après ce communiqué du 19 mai :

Nicolas Baverez, chroniqueur de l'hebdomadaire Le Point
Xavier Bertrand, secrétaire général de l’UMP
Alexandre Bompard, PDG d’Europe 1
Henri de Castries, PDG d'AXA
Christine Lagarde, ministre de l’Economie Christine Lagarde,
Pascal Lamy, directeur général de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC),
Thierry de Montbrial, président de l’Institut Français des Relations Internationales (IFRI),
Denis Olivennes, directeur du Nouvel Observateur
Frédéric Oudéa, PDG de la Société Générale
Jean Pisani-Ferry, économiste
Jean-Claude Trichet, président de la Banque Centrale Européenne.

Le clair désaveu par les citoyens, en France comme dans l'ensemble de l'Union Européenne, de la politique de privatisations, de délocalisations et de dumping social des dernières décennies se trouve exprimé avec force dans le taux d'abstention sans précédent aux dernières élections européennes. Mais de toute évidence, « il a été décidé » de n'en tenir aucun compte. Ce que semble confirmer l'annonce d'une grande continuité dans la composition du futur gouvernement français. Il en est de même en ce qui concerne la politique de démantèlement du CNRS et des autres organismes publics de recherche scientifique et technologique, ou la stratégie de privatisation des universités, de l'éducation nationale, de la Santé et des autres services publics.

En clair, une « fin de crise rapide » signifie, pour un pays comme la France, la fin des acquis de la Libération. Qu'il s'agisse de droits civiques et sociaux, ou de l'existence d'un secteur public de l'économie et de services publics, la facture de la crise pour le plus grand nombre sera la fin de ces conquêtes sociales et démocratiques du XXème Siècle.

Ce ne sont pas les responsables de cette crise qui devront la payer, si leur plan se réalise. Mais est-il vraiment viable ?
Car il reste à voir si les oligarchies financières occidentales parviendront à imposer cette politique à la planète entière, et si elles sortiront indemnes de leur fuite en avant.

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