samedi 6 février 2010

Sur la formation des prix, par francis Cha

De l’impossibilité de séparer l’économique du social : l’exemple des prix


1 Les prix sont des données immédiates de la vie économique, chaque individu effectuant quotidiennement des transactions sur cette base. Le prix est une des preuves qu’il existe dans la société quelque chose que l’on peut qualifier d’’économie’.

2 Les sciences économiques sont donc tenues d’en expliquer la formation. Elles oscillent entre la présentation, soit de débats dont elles disent qu’ils n’ont plus de sens ( rapport du prix à la valeur-travail chez Smith, Ricardo, Marx ou à la valeur-utilité chez Condillac, Say ), soit de constats empiriques sur la formation concrète des prix (en général le prix est un coût plus une marge), soit de l’élégance des explications graphiques de la loi de l’offre et de la demande: Une courbe de demande qui descend (plus le prix proposé baisse plus les intentions d’achat diminue) croise une courbe d’offre qui monte ( plus le prix proposés augmente et plus les producteurs vont augmenter leurs intentions de vente). Le point d’intersection fixe le prix du marché puisque c’est l’accord entre les offreurs et les demandeurs. Fascinés par les sciences physiques et la mécanique des forces, les économistes n’ont de cesse de perfectionner ce dernier modèle. Si celui-ci a quelque mérite pour expliquer la fixation des prix de certains marchés, sa généralisation à l’ensemble de l’économie paraît abusive.

3 Nous définirons le prix comme une convention sociale entre des échangistes dans un contexte de rapport de force économique et social.

4 Notre analyse se situe dans le cadre de la théorie du facteur unique de production , le travail (Smith, Ricardo, Mill, Marx, Keynes). Le travail est le seul facteur qui ajoute des biens et des services mis à la disposition des agents économiques.

5 Chaque produit a une valeur-travail correspondant au temps de travail nécessaire pour le produire . Les biens et services autoproduits ont une valeur-travail sans prix . Des produits naturels accaparés ont un prix sans valeur-travail .

6 L’erreur de Ricardo est de croire qu’il y a des biens rares et des biens reproductibles . Les biens sont les deux à la fois.

7 Le prix d’un produit rémunère le facteur travail et le revenu du propriétaire.

8 Une source alimente un village. Une personne en prend possession et exige une rémunération pour l’usage de l’eau. Le stock de richesses mis à la disposition de la société n’a pas varié.

9 Si on suppose que ce propriétaire est inactif, il perçoit sans travail le produit du travail d’autrui. On le qualifiera de rentier absolu. L’appropriation du produit du travail d’autrui s’effectue donc par l’existence de la propriété privée.

10 L’appropriation du produit du travail d’autrui se fait également par le jeu de l’échange marchand.

11 le rapport des prix entre un produit A et un produit B n’est pas le rapport des temps de travail pour produire A et B puisque les prix sont une convention sociale.




12 Les échanges sont à la fois un échange de produits mais aussi en même temps un échange de temps de travail. Si le produit (bien ou service ) d’un service d’une heure produit par un agent A est vendu 200 euros à un agent B dont la rémunération pour une heure de travail est de 50 euros, l’heure de A s’échangera contre 4H de B. B aura travaillé 4 heures pour obtenir 1 heure de travail de A. Le calcul peut s’effectuer en incluant les temps de formation (si le temps de formation de A est 1 H on comptera l’heure à 100 euros et l’heure de A s’échangera contre 2H de B ).

13 On qualifiera A de rentier relatif puisque l’échange l’a avantagé du point de vue du temps de travail.

14 La qualification des 3H, supplément de temps de travail de B pour acheter le service de A pose problème. Si l’on prend comme critère de la justice l’échange d’une heure de travail contre une heure (conception socialiste : à chacun selon son travail), on définira l’échange comme injuste. Les 3H seront définis comme l’exploitation’ de B par A. Seul l’échange d’une heure de travail contre une heure de travail serait considéré comme juste.
Si l’on considère l’économie comme un jeu (conception libérale), A gagne et B perd. Les 3H seront définies comme gain pour l’un et perte pour l’autre.

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Du point de vue communiste, toute société fondée sur la liberté des échanges est injuste. L’ ‘exploitation’ est inhérente à l’échange. Un agent qui obtient un produit de deux heures de travail contre une heure de son travail gagne une heure de travail. chaque échangiste peut dire ‘ nous échangeons, tu m’exploites ou je t’exploite’. Ceci est injuste.
Dans la conception libérale-capitaliste , on peut dire : ‘nous échangeons, je perds ou tu perds, tant pis pour le perdant.’

16 Dans un échange , A qui a un salaire supérieur à B s’accapare d’une partie du travail de B.

17 Le terme ‘échange inégal’ est neutre du point de vue du jugement de valeur, puisque cette inégalité peut être jugée comme juste ou injuste.

18 L’échange inégal des temps de travail est une donnée objective des sociétés fondées sur l’échange libre.

19 Convenons de qualifier de ‘rente en temps de travail’ le montant du temps de travail obtenu dans l’échange (3H pour A en défaveur de B).

20 Dans le rapport salarial, le patron achète le bien ou le service produit par ses salariés.En travaillant 8 heures, il obtient le produit de 80 heurs de travail de ses 10 salariés.

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Dans la conception communiste, le seul moyen de supprimer l’exploitation est de supprimer la propriété privée et l’échange marchand. Celui-ci est remplacé par l’économie redistributive, ou l’échange basé sur des bons de temps de travail.

22 Vouloir une société ‘juste’ (au sens communiste) dans une économie fondée sur l’échange marchand est logiquement impossible.

23 La formation des prix met en jeu tous les mécanismes de la domination. L’analyse strictement économique de la formation des prix est un mensonge social, le ‘trou noir’ de la domination sociale.


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