dimanche 29 mars 2009

Arrêter chaque meneur...

Selon le Canard Enchaîné n° 4611 paru le mercredi 11 mars 2009, la préfecture de police de Paris vient de rédiger une note datée du 10 février, pour faire arrêter sur le champ le « meneur » de chaque manifestation qui n’aurait pas été précédemment déclarée dans les procédures légales.
(Exemples possibles d’attroupements forcément irréguliers : une mi-carême de lycéens déguisés, une lecture publique de poésie slamée, un mariage interculturel, des obsèques un peu trop excentriques, une visite guidée du gai Paris, un hommage spontané à un lieu de Résistance antinazie ???), et ceci si le « meneur » devait aggraver son cas en n’ordonnant pas immédiatement une dispersion immédiate.
On sent que ça va taper encore plus dur, et ceci avec ou sans sommation dans les règles.
Au menu de cette note de la Préfecture de police, il y a un mode d’emploi policier. D’abord : interpellation dudit « meneur » de manif non-déclarée (repéré au faciès, au porte-voix, à ses slogans, à ses tracts ?), puis « présentation à l’OPJ territorialement compétent », et enfin procès verbal transmis à la SIC (la « salle d’information et de commandement », l’endroit bunkérisé le plus pimpant de France et de Navarre). C’est vrai ça, des fois que le PV serait égaré.
Encore un effort, camarade préfet de police, et les rassemblements de plus trois personnes seront arrêtés et déportés prestement en Sibérie. A ce compte, il vaudrait mieux arrêter préventivement tous les passants, et puis vérifier ensuite lesquelles avaient l’intention perverse de manifester un mécontentement, n’importe lequel.
Motif de cette note hautement libertaire (parce qu’il y a un motif) : L’exaspération sociale sous Sarko 1er devient tellement forte (et oui !) que ce genre de manifs « sauvages » prolifère, et qu’il faut y mettre bon ordre, parce que les flics débordés ne savent plus où donner de la tête. (Au moment où il sont déjà assez occupés à faire du chiffre de sans-papiers, c’est trop ballot.)
D’où l’idée de refiler une partie du boulot répressif aux juges. Et de bourrer simultanément les cellules de garde à vue. Pas sûr que la République en sortira grandie. Mais j’oubliais, il faut mettre de force la République à la taille, mesquine, de l’Omniprésidence et de ses corpusculaires obsessions.
Source : Infozone, 10 Mars 2009

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