vendredi 17 juillet 2009

L'Elysée payait les sondages OpinionWay / Figaro / LCI

Un rapport de la Cour des comptes pointe les anomalies du budget de la présidence

OpinionWay avait une bonne raison d'aimer Sarkozy : l'Elysée finançait en partie certains sondages, que publiait ensuite Le Figaro. C'est une des principales révélations du premier rapport de la Cour des comptes consacré au budget de l'Elysée.

Opinion Way, sondeur LCI/Le Figaro/Elysée



Dans le domaine de la communication et des médias, une des dix-neuf pages du rapport est employée à décortiquer le bien étrange fonctionnement des sondages à l'Elysée. On y apprend que l'Elysée a signé le 1er juin 2007 une "convention" avec un cabinet chargé de réaliser des études d'opinion, "pour un coût avoisinant 1,5 million d'euros". Les conditions sont... intéressantes : pas d'appel d'offre, ce qui est illégal pour un marché public de cette dimension, et seulement une page de contrat pour lier les deux parties. La Cour souligne le caractère "exorbitant" de cette convention, puisqu'elle prévoit que le cabinet décide seul des études à commander, à l'institut de son choix et quand il le souhaite, sans demander l'avis de l'Elysée ! En 2008, "près de 130" études auraient ainsi été commandées.

Source Arrêt sur images


"Nous sommes ici au coeur d'un système d'instrumentalisation de l'opinion et de connivence entre le pouvoir, un institut de sondage et certains médias", écrit la députée socialiste Delphine Batho, proche de Ségolène Royal, dans un communiqué diffusé jeudi soir.

Ségolène Royal et aussi le leader centriste François Bayrou estiment de longue date que l'Elysée utilise des instituts amis pour laisser penser qu'il a l'appui de l'opinion.

9 commentaires:

Mathieu de Castellbon a dit…

source asi

On pouvait s'y attendre : les révélations de la Cour des comptes sur la coproduction de sondages par l'Elysée, Le Figaro et LCI, sont tombées dans un vide estival vertigineux. On reste toujours confondu par les prodiges d'intelligence déployés par la machine, pour éviter de traiter tout sujet qu'elle ne souhaite pas traiter. Sur Europe 1, Askolovitch y a consacré sa chronique : mais c'était pour épiloguer sur le destin contrarié du président de la Cour des comptes, Philippe Séguin, et s'extasier sur la modernisation que représente ce contrôle sans précédent. Le journal de 8 heures de France Inter livrait les détails du récital que va donner à New York Carla Bruni-Sarkozy (l'auditeur fut prié de noter que le couple présidentiel s'y rendra "en avion de ligne" ).

Bref, admirons la modernisation, et ne posons pas trop de questions. Pas trop de questions sur ces sondages, et sur les manipulations auxquelles ils ont pu servir ces deux dernières années (on repense par exemple à la révolution de palais qui évinça de Neuilly le porte-parole Martinon, mais il y a certainement bien d'autres exemples). Pas trop de questions sur la nature exacte des 14 000 euros de dépenses que la personne privée Sarkozy avait fait payer ("certainement à son insu", a expliqué Séguin sans rire) par l'Elysée, et qu'il a dû rembourser précipitamment avant la publication du rapport.

Pas trop de questions. Nous ne sommes pas dans la barbare Grande-Bretagne, royaume des répugnants tabloïds, où l'on a infligé aux sujets de Sa Majesté le détail fastidieux des notes de frais des élus. En France, ce traitement est réservé à Julien Dray, ou au maire de Hénin-Beaumont. L'Elysée est au-dessus de ça. Et la presse aussi, qui a fort à faire avec les chauffards de l'été, et les grues qui tombent sur Madonna, ou quasiment.

Anonyme a dit…

la Cour a constaté des dépenses d’un montant relativement important sur certains achats : les fleurs (257 809 €), le linge de maison (155 396 €), qui pourraient être réduits grâce à une meilleure mise en concurrence. Et des pénalités pour retard de paiement, comme pour les factures d’électricité (2580,33 €) et de gaz (504,70 €). « De telles négligences, fussent-elles accidentelles, ne devraient pas se produire à la Présidence de la République ». Et c’est la Cour qui le dit !

Anonyme a dit…

...Tout d'abord, selon Mediapart, le fameux cabinet de conseil anonyme est bien Publifact, celui de Patrick Buisson, que nous citions hier comme l'un des deux cabinets possibles. Buisson est conseiller de Nicolas Sarkozy et directeur général de la chaîne Histoire (groupe TF1). Il est connu du grand public pour avoir participé fréquemment à l'émission Politiquement show de LCI jusqu'en 2007....

Anonyme a dit…

les faits vous alarment ? Parce qu'aujourd'hui, on arrive à avoir deux trois infos... mais Sarko ne fait que reprendre les mêmes méthodes que ses prédécesseurs... et tout ça na changera pas

Unknown a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Unknown a dit…

Avec l'expérience du passé, il suffisait de voir une Sylvie Noakovitch, candidate contre DSK (que je peux pas encadrer et qui laisse traîner des mains sales depuis trop longtemps dans des coffres-forts et ailleurs) préfigurer la communication de l'ump, pour deviner que les bornes seraient dépassées sans limites, et tout le monde peut retourner se coucher, il y en a pour tous les goûts.

Quant aux amateurs de fatalités, qu'ils la prennent bien dans la tronche pour continuer d'être assommés.

Buisson est surtout réputé pour avoir été journaliste à Minute, un torchon habitué des tribunaux. Ce machin ne pouvait qu'être ce qu'il y a de mieux pour s'occuper de la propagande à nos frais de l'autre hystérique.

Anonyme a dit…

Mardi, lors de la séance des questions au gouvernement, Delphine Batho, députée PS a posé une question au Premier ministre au sujet des révélations de la Cour des Comptes sur les sondages OpinionWay payés par l'Elysée et par Le Figaro et LCI.
Citation :

« Soit l'Elysée a payé des sondages pour les faire publier dans certains médias, ce qui met en lumière un système de connivence entre le pouvoir, son cabinet conseil, un institut de sondage et certains médias, dans le but, non pas d'étudier l'opinion publique, mais d'influencer le débat politique. La société des rédacteurs du Figaro s'en est d'ailleurs inquiétée en demandant que soit mis un terme immédiatement à ce type de « coproduction ».

Soit, seconde hypothèse, si comme l'indique Claude Guéant, l'Elysée a payé des sondages qui étaient également payés par certains médias, alors tout ceci s'apparenterait à une affaire de sur-facturation ou de fausse facturation. »

Anonyme a dit…

source Marianne2

Comment l'Etat finance la passion «sondivore» de Sarkozy

Le temps serait à la glasnost du côté de l’Elysée, l’occasion de lever un coin du voile sur les structures de la communication gouvernementale dont la polémique sur le contrat passé entre OpinionWay, le cabinet Publifact et l’Elysée a relevé des aspects fumeux notamment en ce qui concerne les pratiques des différents services de communication de l'Etat mais aussi l'ampleur des moyens.

Toujours prêt à se vanter de gérer l’Etat comme une holding des plus performantes, tout laissait à penser que la structure de communication élaborée par Sarkozy relevait de la mécanique de haute précision quand la réalité des faits nous rapproche plus des machines improbables imaginées par les Shadoks.

Rattaché à Matignon le Service d’information du Gouvernement, dirigé par l’ancien publicitaire Thierry Saussez, est un service de 120 personnes chargé à la fois de l’analyse de la stratégie et de la conception de la communication gouvernementale. Pour le grand public, le SIG gère essentiellement les campagnes d’information du public sur la sécurité routière ou la lutte contre le tabagisme etc.

Avec 22 millions d’euros en 2009, son budget de fonctionnement a progressé de près de 292% et ses dépenses publicitaires se chiffrent à 100 millions d’euros pour une cinquantaine de campagnes multi-supports par an. Cette somme lui permet de se positionner parmi les 50 plus gros annonceurs français, ce qui lui vaut des abattements sur l’achat d’espace allant jusqu’à 65% et en fait un « soutien » économique important de la presse d’information.

Nicolas Sarkozy n’a d’ailleurs jamais caché ses intentions de ce point de vue, annonçant en janvier dernier qu’en 2009 l’Etat allait « doubler cette année la part de ses dépenses de communication institutionnelles à destination de la presse écrite ». Le SIG travaille avec une quinzaine d’agences de publicités françaises.
Outre son travail de communication, le SIG dispose d’un budget sondage qui avoisinerait les 4 millions d’euros et travaille avec tous les instituts.

Budget com' de l'Elysée: les limites de la transparence
Depuis le début de la présidence Sarkozy, le SIG s’emploie à prendre en main l’ensemble de la communication des ministères.
Avec Saussez, le service ne manque pas de projets : une web tv gouvernementale sera lancée cet été. En rodage, elle devrait tourner à plein régime à la fin de l’année. Par ailleurs, un portail Internet France.fr est en cours d’élaboration. Pour un budget global avoisinant les 2,5 millions d’euros.
Véritable arme de communication massive, on comprend mieux pourquoi Franck Louvrier, conseiller en communication de Sarkozy avait envisagé, à son arrivée au palais, de rapprocher le SIG de l’Elysée. Une volonté de Sarkozy de centraliser l’appareil de communication de l’Etat autour de sa personne. Le poste devait revenir à Franck Louvrier mais la refonte des services s'est révélée contradictoire avec la Constitution.

Louvrier n’en reste pas moins le chef de la communication de l’Elysée où chaque semaine se réunissent avec lui, Patrick Buisson, Henri Guaino, et le publicitaire, co-fondateur d’Euro-RSCG Jean-Michel Goudard pour un Comité de stratégie de communication.

Mais la transparence a ses limites et l’Elysée ne se montre guère coopératif lorsqu’on demande des précisions sur son budget de communication. Interrogé par Marianne2.fr, Louvrier a, dans un premier temps, répliqué sèchement « nous avons tout donné à la cour des Comptes !». Ce qui n'est pas exact : ladite Cour des comptes présente une synthèse de la gestion des services de l’Elysée, mais pas de bilan comptable détaillé. Le député PS René Dosière, toujours à l’affut des dépenses du Palais et qui a multiplié les demandes d'informations à ce sujet n’en sait guère plus. Simplement que le site Internet de L’Elysée aurait coûté 150.000 euros.

Mathieu de Castellbon a dit…

Quand l'Élysée paie les factures de Publifact, dont Patrick Buisson, ancien journaliste de Minute, est le gérant, ca fait 1,5 millions d'euros en 2008 (à 200 euros la question...) qui permettent à Publifact de payer à OpinionWay les 190.000 euros pour le travail commandité par l'Élysée.

Mais Publifact ne dépose plus ses comptes depuis 2007, et on se retrouve avec des sondages en veux-tu en voilà à la gloire de Sarkozy dans le figaropécu et LCI.

Et les 15 autres commanditaires, c'est qui ? On veut savoir, parce que le mot Transparence, c'est dans le dictionnaire !

"Cette histoire pose ainsi le problème du mélange des genres, avec un Patrick Buisson au carrefour de l’exécutif et de médias comme TF1, le Figaro (propriétés respectives de Martin Bouygues et Serge Dassault, intimes de Nicolas Sarkozy), d’une chaîne d’information en continue (LCI), dont le chef de la rédaction en 2007, Jean-Claude Dassier (aujourd’hui président de l’Olympique de Marseille), ne cachait pas son militantisme pro-Sarkozy, et dont le fils Arnaud dirige aujourd’hui une entreprise qui s’occupe de tout ce qui est Internet pour l’UMP. «Tout cela est une chaîne médiatique assez bien huilée dont la courroie de transmission est Patrick Buisson», résume une source proche de l’Elysée."