mardi 24 novembre 2009

L'industrie pharmaceutique tient à remercier Nicolas Sarkozy

Nicolas Sarkozy en sauveur de l'industrie pharmaceutique, qui amasse des milliards tout en licenciant massivement... Non, non, vous ne rêvez pas.

Le 26 octobre 2009, le Conseil Stratégique des Industries de Santé (CSIS), réunissant les dirigeants des principaux groupes pharmaceutiques français, était reçu à l'Elysée. L'heure est grave. Le secteur pharmaceutique hexagonal sera (peut-être) bientôt dans le rouge. En 2012, les brevets des médicaments les plus vendus expireront. Certains y voient l'effet d'une nette baisse de l'effort de recherche des labos, qui préfèrent de loin se concentrer sur le marketing et le lobbying. Pas Nicolas Sarkozy. En conclusion de cette petite sauterie, le chef de l'Etat a en effet confirmé point par point les revendications des grands groupes.

Bingo !

"Les revenus de vos entreprises vont baisser de 20, 30 ou 40%" a déclaré Nicolas Sarkozy, le regard sombre, devant les patrons du CSIS. Pour le président, cette "chute historique" est exclusivement due à la "générication" des médicaments. La solution est donc toute trouvée : il faut aider financièrement l'industrie pharmaceutique. Un fonds d'investissement dans les biotechnologies de la santé sera créé, doté d'emblée de 130 millions d'euros et financé pour moitié par l'Etat. La suppression de la taxe professionnelle allègera de 16% les charges des entreprises du secteur, le Crédit impôt recherche réformé en 2008 et reconduit pour 2010 permettra aux entreprises de se voir rembourser 30% de leurs dépenses de recherche et développement (R&D), tandis qu'à l'avenir, "l'emprunt national [notez l'absence du terme "grand"] pourrait financer certains investissements", notamment la création d'instituts hospitalo-universitaires en partenariat avec le privé. Cinq de ces établissements seront d'ailleurs labellisés en 2010... Cinq, soit exactement le nombre de firmes représentées au sein du Conseil stratégique (modestement surnommé G5 par ses membres) : Sanofi-Aventis, Pierre Fabre, Servier, Ipsen et le Laboratoire de fractionnement des biotechnologiques. Heureux hasard...

L'art de subventionner des entreprises ultra-bénéficiaires qui licencient...

Pas peu fier de ses annonces, Nicolas Sarkozy a finalement donné rendez-vous à ses interlocuteurs en 2012 pour une nouvelle réunion du CSIS. "Nous pourrons alors constater, j'en forme le voeu, que vous aurez investi et créé des emplois en France" a-t-il déclaré. Un voeu qui restera pieu, à n'en pas douter. Ne riez pas trop fort... Cet été, Sanofi-Aventis a présenté son projet de "réorganisation" se traduisant par plus de 1200 suppressions de postes liés à la R&D, soit 20% des effectifs. Comme le labo représente 50% des effectifs totaux de R&D de l'industrie pharmaceutique française, ce sont 10% des effectifs nationaux qui disparaitront ainsi du secteur. Tout cela alors que Sanofi-Aventis a vu ses profits augmenter de 22% au premier semestre 2009, qu'il a réalisé des acquisitions pour 6,2 milliards d'euros et que les retombées de la vaccination anti-grippe A s'annoncent plus que juteuses... L'heure est grave, puisqu'on vous le dit.



La recherche pour le public, les bénéfices pour le privé

D'ailleurs, Marc Cluzel, responsable de la branche R&D de Sanofi-Aventis, l'a clairement affirmé lors de l'annonce du plan de licenciement : "Pourquoi voudriez-vous qu'on continue à financer 100% de notre recherche interne alors qu'à l'extérieur, les organismes de recherche publique, les biotechs, les universités sont financés en tout ou partie par l'état et les collectivités territoriales". Analyse partagée par le DG de l'INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale), André Syrota, qui a récemment confirmé que "les industriels de la pharmacie vont externaliser entre 20% et 30% de leurs recherches vers des laboratoires académiques". Et par Claire Roussel, directrice des partenariats chez Roche France (Les echos) : "la productivité de nos laboratoires est en chute libre alors que les coûts de R&D ont doublé. Le tuyau de l'innovation se tarit". En clair, la recherche coûte trop cher à l'industrie pharmaceutique, pour des résultats médiocres. Les firmes s'en désengagent donc massivement, préférant licencier ses chercheurs pour s'appuyer sur les laboratoires publics, en grande partie financés par l'Etat.

Chercheurs en solde

Résumons. En France, la part de la recherche est passée de 2,24% du PIB en 2002 à 2,02% en 2008, selon l'association "Sauvons la recherche". Et depuis son arrivée au pouvoir, Nicolas Sarkozy n'a de cesse de chercher les chercheurs. D'où l'engagement des pouvoirs publics à "poursuivre la simplification de l'organisation de la recherche en Sciences de la Vie et de la Santé et à maintenir leur effort de soutien public aux projets de recherche partenariale dans le domaine de la santé". Comprenez : on assèche les financements de la recherche publique française (qui est vraiment nulle) pour mieux la contraindre à accepter des partenariats public-privé (puisque les labos la trouve super efficace)... Ça ne vous rappelle pas quelque chose ? Pôle emploi ("lessivé par l'Etat, essoré par le privé" ) par exemple... le scénario est bien rôdé. Au final, au moment de négocier, les instituts publics se retrouvent en situation de faiblesse, et les labos privés se goinfrent !

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1 commentaire:

Anonyme a dit…

La santé coûte 50% plus cher aux familles qu'en 2001

La hausse des coûts de la santé, de 40% à 50% en moyenne, est particulièrement marquée pour les jeunes et les seniors, selon une étude du cabinet Jalma.

Les dépenses de santé des ménages, obtenues en additionnant leurs cotisations à une complémentaire santé et ce qui reste à leur charge après remboursements, ont augmenté de 40% à 50% en moyenne de 2001 à 2009, selon une étude de la société Jalma citée dans le Monde daté du 25 novembre.

Ces coûts augmentent pour tous les types d'assurés sociaux et représentent en moyenne 5,4% du revenu disponible des ménages, selon ce cabinet de conseil spécialisé en protection sociale, qui doit publier ce mercredi un «Livre blanc sur l'assurance maladie».

La hausse des coûts de la santé est particulièrement marquée pour les jeunes et les seniors. Selon les chiffres cités par Le Monde, pour un jeune de 25 ans ayant une complémentaire santé à titre individuel, la hausse du coût de la santé calculé par Jalma est de 68% depuis 2001 (et ce coût représente pour lui en 2009 3,43% de son revenu disponible en moyenne).Pour un couple de personnes de 55 ans, assurées à titre individuel, le coût a augmenté de 62% (et représente 7,12% du revenu disponible en moyenne). Pour les plus de 65 ans, les dépenses de santé représentent jusqu'à 11% du revenu disponible.

Le cabinet constate que les dépenses de santé sont sensiblement plus élevées pour les personnes ayant un contrat de complémentaire santé individuel que pour celles couvertes dans le cadre d'un contrat collectif via l'employeur.

Et il ne faut pas s'attendre à une inversion de tendance. Les organismes de complémentaire santé pourraient augmenter leurs tarifs de 4 à 7% en 2010 d'après la Mutualité française, en raison notamment des dépenses liées à la grippe A.