mercredi 11 juin 2008

Sauce Béarnaise à l'huile de moteur...

L’humanité est en train de re-découvrir ce que K. Marx expliquait au 19éme siècle dans son ouvrage magistral le Capital : « Le capital a horreur de l’absence du profit. Quand il flaire un bénéfice raisonnable, le capital devient hardi. A 20% il devient enthousiaste ; à 50% il est téméraire ; à 100% il foule au pied toutes les lois humaines et à 300% il ne recule devant aucun crime... » (Le Capital)

Rappelons brièvement les faits :
- La société Saipol, propriétaire de la marque Lesieur, et grossiste en huile, a acheté à vil prix un lot de 40 000 tonnes d’huile de tournesol ukrainienne.
- Exerçant son métier, cette société a revendu avec profit cette huile à d’autres multinationales de l’agroalimentaire.
- Un contrôle a posteriori a mis en évidence la présence frauduleuse dans ce lot d’huile minérale destinée à la lubrification des moteurs.
- Même s’il n’est pas établi que ce mélange peu ragoûtant soit méchamment toxique, eussions nous eu affaire à des gens responsables que ce lot eût immédiatement rejoint la seule destination qui lui seyait : la poubelle.
- Que croyez-vous qu’il arriva ? Ces empoisonneurs dont l’avidité autant que la veulerie sont sans limite, ont néanmoins décidé d’utiliser sciemment cette huile pour composer leurs produits de merde.
- Le pire, c’est qu’ils ont eu l’accord des autorités (françaises et européennes) qui ont décrété que tant que les produits n’en contenaient pas plus de 10%, personne ne devait tomber trop malade.
- Ils ont 40000 tonnes à écouler, un peu plus de 5000 pour la seule France. Cela fait eviron 100 grammes de saloperie par habitant à faire ingurgiter !
- La Grèce, dont les autorités semblent moins irresponsables que les nôtres, vient de réagir et d’interdire l’utilisation de tous les lots depuis le 1er janvier.

Mais chez nous, dans nos hypermarchés, il y a donc en ce moment dans des produits contaminés à l’huile de moteur !

C’est le Canard Enchaîné qui a révélé l’affaire il y a 2 semaines, avec des reprises le jour même dans la presse nationale. Puis plus rien, tout le monde s’en fout. La semaine dernière, le Canard publie une liste de marques et des types de produits concernés. Aucune réaction cette fois. Enfin hier, le Canard publie des notes internes de l’ANIA (Association Nationale des Industries Alimentaires), qui montrent l’envers du décor, comment les industriels vivent la crise, en chiant dans leur froc et priant que l’info ne soit pas reprise et que le temps efface rapidement cette histoire.

“Il a été décidé hier en réunion de crise à l’ANIA de ne pas répondre au Canard enchainé formellement. Un projet de communiqué de presse, préparé la semaine dernière, a été réactualisé. Le communiqué de presse ne sera pas diffusé en proactif. Nous attendons la prochaine parution du Canard Enchaîné et les éventuelles reprises par la presse pour réagir.”
“Par rapport à l’article de mercredi dernier,cette nouvelle parution n’apporte pas d’éléments clés supplémentaires et n’est pas à la Une du journal. En revanche, de nombreuses marques sont citées, ainsi qu’une liste à la Prévert de nombreux produits incorporant de l’huile de tournesol, ce qui n’était pas le cas la semaine dernière mais que l’on craignait”

Ces gens là sont capables d’importer n’importe quelle denrée alimentaire de l’autre bout du monde, dans le seul but de gagner de l’argent. Ils n’ont plus la moindre emprise sur la “traçabilité” des produits qu’ils achètent ainsi, qui peuvent être trafiqués, bourrés de pesticides ou de n’importe quelle autre merde. Et qu’ils ne viennent pas prétendre le contraire, puisque cette sombre affaire en fournit une preuve éclatante.

D’ailleurs un produit importé au prix le plus bas est une quasi certitude de mauvaise qualité doublée d’exploitation des humains qui ont servi à le produire, triplée d’une pression sur l’emploi et le salaire des salariés français.

Ce sont les mêmes qui vendent leurs produits au prix fort en geignant sur la hausse des matières premières, et nous gavent de pubs ineptes avec enfants blonds et mamans épanouies qui éprouvent un plaisir intense à bouffer leurs saloperies suremballées dans d’affriolants plastiques aux couleurs vives.

Comme on l’a vu, leur plus grande trouille est que le nom des marques s’ébruite, ce qui pourrait occasionner une baisse de leurs ventes et de leurs sacro-saints profits, qui les aveuglent à un point tel qu’ils sont capables pour cela d’empoisonner leurs clients sans remords.

Les marques concernées, à boycotter d’urgence et durablement, sont les suivantes : Lesieur, bien évidemment, puisque leur avidité est à l’origine du problème et toutes les marques du groupe (Fruit d’or, Epi d’or, Frial, Isio 4, Oli, Carapelli), Saupiquet,toutes les marques du groupe Unilever (par exemple Amora),Planta Fin, Maille, Knorr, Magnum, Miko...

Les produits les plus susceptibles de contenir de l’huile empoisonnée sont les suivants : Mayonnaise, Tarama, Sauce Béarnaise, Chips, Vinaigrette allégée, Surimi, Céleri Rémoulade, Soupe de poisson en conserve, Poisson pané, Paupiettes de veau, Thon et sardines à l’huile, Pates à tartiner chocolatées,Gaufrettes à la confiture, Barres céréalières et sucrées pour les enfants, Cookies...

3 commentaires:

Mathieu de Castellbon a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Mathieu de Castellbon a dit…

Ce silence médiatique est effectivement assourdissant. A croire que notre classe dirigeante, pourtant très portée sur le bio, ne se soucie guère de ce qu'il peut se passer dans les assiettes des gueux...
Heureusement, la solution de bon sens populaire fait peu à peu son chemin: Filières courtes, AMAP, retour des potagers, des vergers, pour ceux qui ont la chance d'avoir accès à un jardin, plébiscite du troc, refus grandissant de s'alimenter avec des produits industriels, retour du vrai, du temps de faire, etc, etc,... Ces nouveaux comportements du mieux consommer ne sont plus l'apanage des anciens ou d'une élite instruite mais se retrouvent quasi transversalement au sein de toutes les classes sociales: Travailler plus pour gagner plus ? Le slogan a pu faire sourire avant de formidablement agacer une grande partie de nos concitoyens, sans doute pour son côté formidablement déconnecté de leur réalité. Désormais, c'est le consommer mieux qui prévaut, à tous niveaux. Repenser son rapport à l'alimentation. Repenser son rapport au pouvoir d'achat. Repenser également son rapport au "progrès", qui est parfois, souvent, synonyme de forte régression qualitative.
Les scandales passent, mais les consciences se bonifient, en grande partie grâce aux femmes, il faut leur rendre ici cet hommage.
A l'heure où l'on s'apprête à multiplier les ouvertures des "discounters" sur le territoire, jamais le recul qualitatif n'aura été aussi important sur l'offre proposée: Jus d'orange anti-vitaminés, très nombreux produits bourrés d'acides gras trans ( éviter soigneusement tout produit mentionnant l'emploi d'huiles hydrogénées), produits utilisant des colorants sur la sellette voire interdits dans d'autres pays, produits le plus souvent beaucoup trop salés, trop sucrés, la liste de cette malbouffe à prix attractif est si longue...
Encore une fois, ce sont le plus souvent les consommatrices à qui l'on demandera de séparer le bon grain de l'ivraie.
Hélas, les budgets prennent de plus en plus la forme d'un entonoir, surtout sur des territoires où les salaires sont si frêles...
Mais nous ne sommes pas des oies, non ?
Echanger l'information, parler autour de soi, faire profiter de ses découvertes, des produits à éviter, des bons plans, des petits producteurs locaux qui jouent à la fois le jeu du prix et de la qualité, voilà notre salut, voilà notre espoir, voilà notre dessein commun.
Car ce qui nous rassemble au pied de ces montagnes, que nous soyions nés ici ou ailleurs, c'est la recherche d'une certaine qualité de vie.
Qualité. Vie. L'association est superbe. Elle mérite sans doute d'être partagée auprès du plus grand nombre. Et pour celà, merci à toi Nicolas. Que cette tribune soit ouverte à ceux qui veulent tirer les vivants de cette terre vers le haut et lutter contre ces multinationales qui n'ont rien d'autre que du mépris à nous proposer.


Mathieu de Castellbon.

Nicolas Loustalot a dit…

T'as tout dit, notre arme c'est de s'informer, de confronter les sources avant de gouter l'eau qu'elles nous débitent, là est le début d'un débat des buts et comme dit le proverbe indien, c'est en marchant qu'on fait le chemin qui nous fait...