La neige qui est pour Claude Nougaro une « Négresse en négatif », pleure très souvent. Parce qu’elle morfle. Parce qu’elle en prend plein la gueule à cause du réchauffement de la planète. A cause de nous, car le réchauffement climatique, c’est nous et nos 4×4, nous et nos usines, nous et notre vie sans rêve. A cause de nous, les flocons meurent jeunes et se font rares sur nos pistes trop chaudes pour leur peau aussi fine que celle des nouveaux-nés. Les flocons vont se réfugier sur les glaciers, là où les téléphériques, les remonte-pentes, les œufs, les paniers, les tire-fesses n’accèdent pas. Mais cela ne saurait durer, car, dans leur cabinet climatisé, sur leurs feuilles de Canson, les architraitres dessinent les plans des voies d’accès à nos cimes inviolées. Ils construiront des hôtels de luxe sur les moraines dont Michel Leiris nous dit qu’elles sont « les marraines des glaciers, leurs reines mortes. » Ils visseront des parkings géants aux joues des roches les plus hautes, celle sur lesquelles, dans les colonnes des illustrés de mon enfance, s’agenouillait, émerveillé, Gaston Rebuffat. Gaston Rebuffat, poète alpiniste, ne trouvait, dans les neiges éternelles, ni or ni or blanc, seulement des « poussières d’étoiles. »
Christian Laborde dans Le Figaro, lundi 18 janvier 2006
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