Petit film, qui se veut pédagogique, pour vous raconter ce que pourrait être la vie d’un jeune cadre grâce à l’Internet 3D (c’est à dire grâce à un Univers Virtuel qui pourrait être Second Life ou Open Sim).
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1 commentaire:
Bien comprendre cette réclame n'est pas chose aisée. Il faut dire qu'en hésitant en permanence entre rire et larmes, notre tâche n'est pas vraiment facilitée. Et ce ne sont certainement pas les larges clins d'oeil pour le moins anachroniques à une esthétique revival très typée années 80 qui pourront sauver cette production de sa place naturelle, la corbeille.
Nous avons donc affaire à un "produit culturel" dont le mode de diffusion se cantonne le plus souvent aux cercles confinés du patronat et plus généralement aux décideurs de tous poils.
C'est donc un immense privilège pour nous, le bas peuple, de pouvoir nous délecter de ce monument de la communication d'entreprise.
Si la forme de ce film hésite entre prophétie sincère et manuel didactique par l'exemple, c'est parce qu'il s'inscrit avec bonheur dans la grande tradition des créateurs de futur, ces espèces de maîtres d'hôtel des puissants dont le dessein premier est de se hâter d'imaginer l'avenir à la place des personnes concernées. Coup de chance pour les producteurs d'avatars en série, la masse financière en orbite autour de la planète est 50 fois supérieure à la richesse réellement produite. Et nous ne sommes pas au bout de nos surprises. C'est ainsi que la désormais célèbre et très libérale synergie se crée. Cette collusion d'intérêts qui porte si haut le drapeau noir d'une République carbonisée, que nous en sortons tout ébouriffés: Tout comme Keynes a pu disserter à raison sur les rôles que peuvent jouer certains comportements irrationnels et affectifs de "masse" dans la constitution de bulles spéculatives (numérique, immobilière, subprimes, pétrole, céréales, etc, ...), ce film pourrait tendre à démontrer que les grands décideurs ne sont pas encore totalement guéris.
La petite faiblesse du Crédit A bricole relève de la même logique: le spéculatif attire le spéculatif. Le virtuel attire le virtuel en quelques sortes. Ou plutôt, le libéralisme n'en finit pas de régurgiter des mythes constitués qui sont autant de nouveaux El Dorado éphémères dont la seule fonction incontestable est le témoignage. Témoignage d'une époque décidément bien étrange où il y a appropriation quasi totale du capital sur les latitudes des armées de petits caporaux. Un GPS pour fliquer les déplacements. Un portable pour être joignable et corvéable à chaque instant de la journée. Second life pour emmener du travail à la maison. Second life, c'est surtout en réalité "Second bureau" que nous vend cette prédiction en image. Imaginez un peu. Le professionnel se confondant en permanence avec le personnel, vous n'êtes jamais totalement au travail, mais vous n'êtes jamais totalement chez vous non plus. Le voilà, le vrai gain de productivité. Mais c'est qu'on pourrait se les mettre en rogne, ces très chers cadres, et voilà qu'ils pourraient prendre les parisiens en otage une seconde fois, ce qui serait formidable, convenons-en. Mais les réjouissances ne seraient pas totales si on ne revenait pas sur une partie du brillant argumentaire qui nous est délivré.
Quand on sait que le tout numérique est à la fois une ineptie écologique ( puisque dans à peine 20ans et si nous continuons à ce ryhtme, il faudrait que le monde occidental multiplie sa consommation d'énergie par deux ) mais également sociale puisqu'on connait les risques pour une économie, dans le contexte des désordres mondiaux probables à venir, de transférer la quasi totalité de l'économie vers le tertiaire. Une certaine Maggie, de triste mémoire, s'y est essayée avec succès de l'autre côté du channel. On connait le désastre qui s'en est suivi. C'est d'ailleurs ce que je vous conseille de faire: changer de channel car au fond, qu'apporte second life de vraiment révolutionnaire au télé travail ? à la visioconférence ? Aux réseaux intégrés ? Rien ou plutôt si, le fait d'avoir à se trainer un personnage un peu idiot pour aller relever ses mails et demander un café.
Enfin un film qui ne donne pas envie de devenir cadre. Il était temps.
Mathieu de Castellbon
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