Je sais pas si c'est de la compassion, mais plutôt de l'empathie que j'éprouve à l'égard de certains élus, notamment ceux avec qui je travaille. Je les regarde comme je me regarde, dans le miroir des contradictions, de la complexité de l'agir local et du penser global...Je les regarde comme je me regarde, sans cesse en mouvement, pensée en action, animés de ce besoin insatiable de reconnaissance, ce besoin de créer, de laisser des traces, d'animer ou de ré-animer les lieux du "Nous"...
Je les vois concentrés, acharnés, à gérer les problèmes de la cité, les uns après les autres, au coup par coup, tenter de répondre aux attentes de tel ou tel citoyen, essayer de ne pas faire trop de vagues, ménager le chou et la chèvre, en rester à l’ordre du jour, passant d'une réunion d'un syndicat d'assainissement, à l'assemblée générale des ainés ruraux, à la commission de recrutement des bébés pour la crèche, ou encore au conseil d'administration du Pays...
De casquettes en casquettes, de pressions en jeu d'influences, de stratégie en pirouette politicienne, de l'intérêt général à l'intérêt du général...Dans tout ce tohu bohu, les élus courent, discourent, oublient, s'oublient, parfois prêts à sacrifier, vie de famille, temps libres, amis, emportés par cette ivresse du pouvoir, par ce besoin d'exister aux yeux des autres, ce besoin d'être reconnu, ce besoin d'être aimé, ce besoin aussi de tuer l'angoisse du vide, du face à face...
Et puisqu'il faut être efficace, et puisque les critères de réussite demeurent ingrats, ils s'appliquent avant tout à ne pas mourir, luttent pour la survie de ce et de ceux qu'il reste, pour le maintien de tel ou telle école, entreprise, commerce de proximité, service public...
Toute la difficulté du politique étant aujourd'hui de recréer de la vie, du Nous, de se projeter, d'imaginer un après, un après eux, un après qui se construit dans l'ombre, dans l'humilité, et dans le sentiment de n'être qu'un passeur, qu'un maillon, un après qui se construit pour et surtout par la participation du plus grand nombre...Un avenir qui est aussi et surtout le fruit de calcul à court terme, de drôles de jeu de rôles où demain n'existe pas et où hier se prostitue dans des musées du terroir, sensés exciter une identité locale qui s’est tue à trop vouloir se figer..
7 commentaires:
patience ...................!!!!!!!!!!!!
Oui élu c'est un drôle de truc. Mais ce que je trouve d'interessant c'est ce que tu dis quand tu parles de penser au "nous", construire le nous. Je ne sais pas si j'ai bien compris, mais... l"esprit politique est trop individualiste. Mais il est coincé entre plusieurs contradictions. Notamment le fait que les gens eux-mêmes, les citoyens se foutent pas mal du "nous", à quelques exceptions. Lorsqu'ils pensent aux élus, ils pensent surtout "qu'est-ce qu'il va changer à ma vie" plus que "qu'est-ce qu'il va changer à la vie". Sachant que s'il change la vie, il change ma vie, mais pas par le prisme de l'égoisme.
Bon j'ai été élu pendant 4 ans, et 3 semaines après l'élection je me sentais perdu entre des citoyens qui s'en foutent et des élus qui ne veulent pas ouvrir les portes et sortir les idées dans la rue. La peur d'être dépossédé de quelque chose sans doute. Ce fameux pouvoir si confortable.
C'est vrai que le "Nous en marche" ne se décrète pas, il est le fruit de l'ouverture (la vraie), de la complicité entre citoyens et élus qui au delà de leurs possibles divergences, mettent en débat ouvert des projets dont la réussite repose souvent sur cette concertation préalable...
Prendre le temps donc d'échanger les points de vue, de les croiser, de les multiplier, de les mettre en mouvement, en dynamique, permet de penser un projet dans ses multiples dimensions, interactions, conséquences, et de l'agir avec plus de
On est donc dans un Nous (élus et citoyens) qui construit du Nous (projet dit donc nouveaux usages, nouveaux lieu de brassage, d'échange, nouvelle articulations espaces public, espace privé, nouvelles appropriation de l'espace du Nous) au service donc d'un Nous en Marche (un Nous en mouvement qui agit, qui se projette, qui grandit en se confrontant à la complexité de ses ressorts, de ses dynamiques, et ce pour mieux devenir...).
Le Hic c'est que ce temps du Nous se heurte trop souvent au temps administratif, au temps de l'action calqué sur le calendrier électoral, au temps du "plus ça va vite, mieux c'est", au temps du "j'ai pas le temps"...
C'est donc la peut être un autre noeud de ses contradictions : le temps !
Le temps oui... et l'espace aussi ! Car les intérêts locaux rejoignent souvent certaines visions extra-locales, régionales voire nationales! Et si l'on commençait par simplifier les strates fossilisées de notre pays : commune, communautés de communes, canton, pays, circonscription de députés (nationaux et européens), région, etc. A quand ?
Pour aller au delà de ce "temps administratif et électoral", il faudrait des efforts des deux côtés. J'ai lu il y a longtemps un bouquin sur la démocratie participative, que l'auteur décline en 2 axes : La démocratie ascendante et descendante. Pour l'ascendante, c'est le citoyen qui va vers l'élu, qui grimpe la pyramide pour se l'approprier et s'approprier la vie et sa vie. La démocratie descendante c'est l'élu qui descend de la pyramide pour aller au devant des citoyens. C'est dans cet intermédiaire et ce brassement, au sein de ce courant alternatif, pour moi, que se trouve la clé du problème.
Mais cela est loin de l'idée de révolution, de grand soir. C'est du pragmatisme qui se superpose à la démocratie représentative.
Je suis autant agacé par une extrême gauche qui se complait dans les vociférations et qui se dorlote dans des cellules intellectuelles confortables, que par les élus qui n'ont aucune envie de partager le pouvoir et d'ouvrir les mairies au peuple.
Et puis je suis agacé par le peuple qui n'a pas du tout envie de prendre ses affaires en main. Déjà, on devrait s'interesser à son village, son quartier. La politique, ça devrait commencer par ça non ? Pourquoi dans un quartier attendre que les élus organisent un "comité de quartier". Il faudrait pousser les choses non? A OLoron,je ne sais par comment ça se passe. A Mauléon, le peuple dort dans les jupes de Mr le Maire.Apparemment tout va bien, on attend le "temps électoral"... C'est triste.
Oui, les bons maires sont bien décrits dans ce texte ... mais, car il y a un MAIS !!! S’ils se démènent ainsi pour aider leurs voisins et concitoyens, dans un esprit fraternel alors ils sont effectivement des emblêmes de la démocratie, je dirai même qu’ils sont le seul membre à sauver de la démocratie représentative et le premier jalon de la démocratie participative (la commune !). Mais bien souvent ils se comportent en petits préfets bureaucratiques, prêts à applaudir les dernières directives venant de l’état, du gouvernement ou du ministère de l’intérieur, où prêts à se laisser aller au clientélisme, cédant aux sirènes des grands groupes commerciaux ou industriels. Dans ce cas ils veulent simplement se comporter en courroie du pouvoir, de la préfecture, pour une question de prestige personnel et, bien que disant "oui" à tout le monde (comme aussi bien des députés), ils ne rêvent que d’une chose : qu’on leur foute la paix, qu’on leur laisse faire ce qu’ils veulent. Ces maires autoritaires et hautainement républicains, sûrs de leurs droits et se contentant du devoir de soumission à tous les pouvoirs puissants savent rester en place et jouer localement de la division des citoyens. Pire, de nombreux citoyens les savent ainsi et votent pour eux en toute connaissance de cause (Ah ! le prestige de l’élite, du bon gendre en costard cravatte ou en Lacoste). Bref, des exemples j’en connais, j’ai souvent déménagé et j’ai vu peu de maires se battre (contre les OGM, les expulsions, la fermeture d’une Poste, l’AGCS etc... les bons maires se reconnaîtront)... Ainsi ils transpirent tous, beaucoup, mais c’est plus souvent pour nous imposer leur vision de l’avenir, leur antenne relais en plein centre du village, leur nouvelle zone commerciale censée apporter le bonheur ou un projet pharaonique mal placé et endettant le village ou le quartier pour des décennies alors que souvent des ruelles restent sans éclairage, que les vieux manquent d’assitance ou que le dernier petit commerce du coin va fermer. Etre maire ça prend beaucoup de temps et d’énergie mais tout dépend pour quelles valeurs et pour qui ...
Yasmina Reza parle de temporalité et de tragi-comique pour parler de la politique...
Claude Theil dans "Mal de Maires" aborde le sujet en 4 tableaux dans une comédie qui s'avère être une bonne idée de programmation pour la saison prochaine à l'approche des élections municipales !
Contact : Claude au 06 03 80 90 79
Pour plaquette et cd-rom de présentation sur simple demande !
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