jeudi 1 avril 2010

Fitch ratings, Fimalac, Marc Ladreyt DeLacharriére, AAA et nos retraites par Gérard Filoche

In Le Monde du 19 mars 2010 : « La France perdra toute influence si elle perd sa note AAA… C’est pour cela que la réforme des retraites sera de grande ampleur », assure un proche de M. Sarkozy.
Incroyable, tout dépendrait, nous font-ils croire, d’une agence de notation, l’un de ces repaires de charlatans qui ont si « bien noté » les banques jusqu’à ce qu’elles s’écroulent sous les subprimes en 2008.

Ce n’est plus Trichet qui dirige la BCE, ni Barroso, ce sont des agences « privées » comme « Fitch ratings » l’une des deux plus grandes agences de notation au monde : il suffit que les économistes incompétents de Fitch ratings décident que tel pays est devenu « moins solvable » et ledit pays, comme l’Argentine, par le passé, devient moins « crédible » et ses capacités à emprunter comme un vulgaire ménage de banlieue sont immédiatement dégradées.

Ce qui est arrivé à la Grèce suite à un tour de bonneteau scandaleux : la banque Goldman Sachs qui avait aidé la droite Grecque à maquiller les comptes de l’état, a ensuite révélé, quand la gauche a gagné les élections, la manœuvre aux agences de notation qui ont enlevé le fameux « AAA+ » à Athènes. Du coup la Grèce emprunte à 5 ou 6 % au lieu de 1 %. Et le chef de la BCE Trichet qui prête à 1 % refusait de le faire à ce taux à la Grèce, Angela Merkel refusant de « donner de l’argent aux grecs ».
Ainsi les banquiers qui s’étaient gorgé des aides des Etats lors de la crise des subprimes, se sont retournés contre les plus faibles parmi ceux-ci, comme les Grecs, les Islandais, les Italiens, les Portugais, les Espagnols, (PIIGS) en ne leur prêtant qu’à des taux quasi usuraires et en les obligeant à imposer la rigueur aux salaires, aux retraites et la protection sociale.
Il y a de quoi révolter le peuple grec. Mais aussi peu à peu tous les peuples d’Europe qui sont touchés, comme une rangée de dominos par la manœuvre des agences de notation accouplées aux banques.
En fait face à une telle hypocrisie, clairement une escroquerie de masse, il n’y a qu’un choix : soit céder au mécanisme et saigner le bon peuple, soit dénoncer l’opération, arrêter les spéculateurs et les traduire en justice.

Visiblement ce n’est pas ce que Sarkozy et Fillon s’apprêtent à faire puisqu’ils trouvent argument dans la menace de perdre le « AAA » pour «contre réformer » les retraites, c’est-à-dire en diminuer le niveau drastiquement, en allongeant la durée de cotisations, et en retardant l’âge légal de départ. En fait l’agence de notation dirige ainsi le monde, elle fait la loi, la règle, le chantage qui s’impose aux pouvoirs publics, aux élus, à la république, aux salariés : elle fixe une note assassine et hop, la droite propose la retraite à 63 ans au lieu de 60, puis la note devient « BBB » (BBB: Bosse et baisse tes besoins), hop, il faut passer l’age de la retraite de 63 à 65 voire 67 ans.

Cela est arrivé mardi 23 mars au Portugal : passé au AA-, il a coulé subitement et, sa Bourse s’effondrant, la rigueur est devenue plus inévitable pour le peuple. Selon l’AFP « Le Portugal a fait vaciller Paris : à 12 h 25, le 23 mars, le CAC 40 a dévissé de 0,62 % à 3.927 points par ce que l’agence de notation Fitch a abaissé d’un cran la note du Portugal. Annoncée à 11 h, la décision de Fitch Ratings d’abaisser la note de la dette à long terme du Portugal à « AA- » contre « AA » précédemment a fait basculer dans le rouge la Bourse de Paris. Parmi les valeurs financières, BNP Paribas cède 0,38 % à 57,42 euros et Crédit agricole recule de 0,78 % à 12,65 euros. » Saint-Gobain et Alsthom accusent les plus fortes baisses sur le CAC 40 (-2,30 % à 35,53 euros et -2,05 % à 47,11 euros). STMicrolectronics (+2,93 % à 7,10 euros) et EADS (+ 2,86 % à 15,11 euros) parviennent à afficher une hausse appréciable. ».

Bientôt l’agence Fitch ratings dirigera l’Europe et produira des licenciés sur commande…

Mais qui commande Fitch ratings ? C’est Fimalac qui la détient. Et qui est Fimalac ? L’agence financière de Marc Ladreyt de Lacharriére qui a touché 2,4 millions € en 2008 en tant que dirigeant. Les dernières lettres se ressemblent : Malac = Marc Ladreyt de Lacharriére. Cet homme est un des plus riches de France, membre des Conseils d’Administration de Renault, de Casino, de L’Oréal, et aussi, tenez vous bien, du CA de la Banque de France. Il dirige La Revue des Deux Mondes , mécène du musée du Louvre, il a été élu à l’Académie des beaux-arts en 2006. Il a créé la Fondation Culture & Diversité, avec le Théâtre du Rond-Point, l’association La Source, l’École du Louvre , les Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis, les Amis de Magnum Photos, les écoles supérieures d’art et les classes préparatoires publiques d’Ile-de-France. En 2007, il devient président du conseil d’administration de l’Agence internationale des musées de France (France Muséums), organisme chargé notamment de réaliser le musée du Louvre à Abou Dabi pour les Emirs amis barbares de Sarkozy ! Tiens, tiens…

En 2007, il fait son entrée parmi les milliardaires français avec une fortune nette de 1,6 milliard d’euros. On dit de lui que c’est un ancien séguiniste proche d’Alain Minc et de… François Fillon. La boucle est bouclée.
C’est ce Ladreyt de Lacharriére, dirigeant de FITCH RATINGS, couvrant tous les segments de la notation financière, juge et partie, qui « note » la France, dont ses amis Fillon et Sarkozy tirent prétexte pour attaquer nos retraites. Celui qui va faire le boulot est un certain Eric Woerth, trésorier de l’UMP, dont la femme gère la fortune de Mme Liliane Bettancourt patronne de l’Oréal dont Marc Ladreyt Delacharriére fut le DG financier. C’est un petit monde, pas patriote, ni démocrate
Ce Marc Ladreyt de Lacharriére ne produit rien. C’est un Madoff.
Il ne plante pas et il ne récolte pas mais il a l’avantage de faire la pluie et le beau temps pour vendre et fixer les prix.

Note : dans la « bio » de Woerth dans la Tribune du 25 mars : lire : « Pour Sarkozy, Éric Woerth possède un autre avantage : il connaît parfaitement l’UMP de l’intérieur pour en avoir été directeur administratif et financier en 1993. Le nouveau ministre du Travail en demeure toujours le trésorier. Il préside même Le Cercle, un club très fermé qui regroupe les gros donateurs du parti. Depuis trois ans, il a réuni une quinzaine de fois ces généreux mécènes en présence du chef de l’État, comme début décembre dans les salons du Bristol. Ce qui a valu au ministre du Budget de l’époque une volée de bois vert des socialistes sur le thème du mélange des genres entre fonctions gouvernementales et engagement partisan ».


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