"Je connais votre plus cher souhait: ne pas mourir, être éternel. Ce souhait peut désormais se réaliser. Grâce à la médecine dont on observe chaque jour qu’elle fait des prouesses? Grâce à Chris Barnard qui, il y a quarante ans, à l'hôpital Groote Schur du Cap, réalisait la première transplantation cardiaque ? Non, grâce à Philippe Guérin. Qui est ce Guérin : un chirurgien, un chercheur, un gourou ? Nullement. Philippe Guérin est le maire de Cugnaux, ville dans laquelle il est interdit, par arrêté municipal en date du 16 novembre, de mourir. Prenez-donc l’A64, installez-vous à Cugnaux, et vos obsèques n’auront jamais lieu. Il est interdit de mourir à Cugnaux car il n’y a plus de place dans les deux cimetières dont dispose la commune : ils sont complets comme un hôtel sur la côte en plein mois d’août. Le problème que connaît Cugnaux risque de se poser à d’autres communes contraintes déjà depuis belle lurette d’enterrer leurs morts loin de l’église et du cyprès, en bord de route, dans des cimetières déjà surpeuplés, comme à Aureilhan par exemple. Comment remédier au manque cruel de places ? On pourrait construire des tombes superposables, en s’inspirant des HLM qui ceinturent nos villes, ce qui permettrait aux défunts issus d’un milieu défavorisé de bénéficier d’un décor semblable à celui qu’ils ont toujours connu et donc de se croire encore vivants. On pourrait transformer en cimetière les ronds-points que les municipalités et la DDE bâtissent partout, y compris dans le col d’Aubisque. Des cimetières dans les ronds-points : quel gain de temps pour les familles ! Il ne serait plus nécessaire pour visiter le cher disparu de descendre de voiture. Il suffirait de faire une fois ou deux le tour du pâté de tombes, de baisser la vitre, de balancer le bouquet de fleurs sans lâcher le volant, puis de réciter une courte prière avant de reprendre sa place dans le trafic et d’aller « travailler plus pour gagner plus. » Putain, que la vie est belle !"
Christian Laborde
Chronique publiée sur la Nouvelle République des Pyrénées
Site de Christian Laborde : Ici
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